Lorsque nous avons commencé à réfléchir à comment transformer progressivement www.gamesplanet.com en un service numérique responsable et écologiquement vertueux, nous étions conscients de n’être qu’un rouage modeste de toute une filière nationale et internationale et que cette ambition nécessiterait donc d’impliquer, de mobiliser et de se concerter avec l’ensemble des partenaires qui coopèrent avec Gamesplanet.com, à savoir les éditeurs de jeux vidéo, les fabricants de hardware et les joueurs.
En tant que distributeur, agnostique et indépendant, les ambitions de notre plan d’action consistent :
Pour ce faire, notre premier objectif était de comprendre, évaluer et réduire autant que possible notre propre impact, et le second, plus ambitieux, était de nous appuyer sur notre qualité de distributeur pour collecter, mettre en forme et transmettre des informations de nature à favoriser l’émergence de nouveaux comportements et valeurs chez nos partenaires et nos clients.
Ces informations nouvelles sont de deux types :
Editorial : Identifier et promouvoir au sein des jeux de notre catalogue, ceux pouvant voir un impact favorable sur la crise environnementale actuelle. Cette démarche s’appuie sur la capacité des créateurs du jeu vidéo à influencer et à orienter le contenu des jeux en faveur d’une prise de conscience collective des enjeux environnementaux. Certains des jeux que nous distribuons entendent explorer, anticiper, et façonner collectivement l’avenir par la vision d’un futur plus écologiquement désirable. Nous souhaitons promouvoir et mettre en avant ce type de contenu positif au sein du catalogue de Gamesplanet via ce que nous avons appelé les Eco Tags.
Technique : Proposer une méthode de mesure spécifique des impacts environnementaux du jeu vidéo à même de couvrir le scope 3 et notamment la partie dite « utilisateurs ». Cela revient à proposer une méthode de calcul d’empreinte multicritère qui renseigne véritablement nos clients sur les impacts des machines et des jeux qu’ils choisissent. Cette méthode doit être transparente et publique et fait l’objet d’un PCR (Product Category Rule) soumis à l’ADEME.
Notre troisième objectif est de développer une communication Adhoc auprès des joueurs et des éditeurs, notamment au travers d’une refonte de Gamesplanet.com. Cette communication s’accompagne de guides pratiques, de recommandations et de leviers d’actions à destination de nos clients mais aussi de nos partenaires, en particulier, les éditeurs. A titre d’exemple, nous espérons pouvoir fournir dans le futur des rapports de royautés qui comportent une projection des impacts environnementaux des jeux distribués pour leur compte.
Depuis 2019, nous avons été à l’initiative du groupe de travail sur la sobriété numérique mis en place au sein de l’association des acteurs du jeux vidéo en Nouvelle Aquitaine (So Games), nous avons suivi plusieurs formations et participé à de nombreuses réunions et conférences.
En 2020, nous avons signé le manifeste Planet Tech Care, consistant à s’engager à mesurer puis réduire les impacts environnementaux des services numériques de Gamesplanet.com.
Nous avons également signé le manifeste de Karlskrona, consistant à affirmer l’intérêt crucial de concevoir des services numériques durables.
Gamesplanet.com est également signataire de la charte numérique responsable du Think Tank de l’INR.
En 2021, nous nous sommes formés pour pouvoir intégrer en interne la réalisation de notre propre bilan carbone, consistant à comptabiliser nos propres émissions, directes ou indirectes, de gaz à effet de serre (GES).
Si calculer l’empreinte carbone de nos déplacements ou de nos bâtiments s’est avéré relativement aisé, nous avons vite été confrontés à la difficulté de trouver des facteurs d’émission correspondant à certaines de nos activités spécifiques. Plus généralement, nous avons pris conscience que même des informations aussi triviales que la consommation électrique d’une PC ou l’analyse de son cycle de vie complet était difficilement accessibles sinon impossible à obtenir. Faute de sources d’information fiables et transparentes, il était difficile pour nous, et a fortiori pour les joueurs, de comprendre et de faire des choix de manière pertinente.
En outre, nous avons rapidement compris que la majeure partie de nos impacts environnementaux portaient sur notre scope 3 et se situaient hors de notre portée :
Notre empreinte carbone est concernée à hauteur de 97% par le téléchargement de nos jeux (479t eq CO2 par an) et le temps passé par nos clients à jouer aux jeux que nous leur avons délivré sur le matériel qu’ils ont acquis auprès des constructeurs (90,000t eq CO2).
En l’espace de plusieurs années, notre connaissance du sujet s’est donc considérablement affinée mais, avouons-le, sans que nous puissions faire grand-chose de significatif pour véritablement peser.
La question pour nous s’est alors posée d’agir sur ces impacts, alors même que nous n’avions guère de cartes en main pour agir sur la fabrication et le renouvellement des PC.
Pourtant, nous savions que notre position de distributeur, d’intermédiaire entre l’ensemble des éditeurs, des fabricants de hardware et des consommateurs, nous offrait la possibilité de faire plus, à commencer par partager et relayer les informations clefs, utiles au changement. Nous pouvions sans doute fournir des informations pertinentes concernant des questions qui intéressent les joueurs, à savoir :
Toutes ces questions n’avaient jusqu’ici aucune réponse simple à appréhender sur aucune plateforme de distribution de jeu vidéo alors que des réponses évidentes existent, même partiellement, lorsqu’on achète un frigo ou une voiture...
En effet, selon une étude de 2019 d’Evan Mills, Green Gaming: Energy Efficiency without Performance Compromise et le site GreeningTheBeast.org, il existe un rapport entre 10 et 20 entre la consommation en kwh par an entre une console Switch et une PS4 ou une Xbox One. Il existe également un rapport de 2 entre un PC d’entrée de gamme et une configuration core-gamer.
Autrement dit, lorsque vous jouez 5 ans sur un gros PC vous pouviez dépenser en 2019 autour de 1,100 dollars américains contre la moitié sur un PC plus faible. 400$ sur une PS4 ou une Xbox One contre 37$ pour une Switch.
Les joueurs bien informés peuvent donc non seulement décider d’avoir ou non un meilleur impact environnemental mais aussi économiser de l’argent à l’heure où leurs factures électriques flambent.
C’est pourquoi, afin de permettre à nos clients d’être conscient de leurs usages et de pouvoir faire des choix éclairés, nous avons donc réfléchi à calculer les différences de consommation et d’impact environnemental en fonction des jeux qu’ils choisissent d’acheter sur les machines qu’ils choisissent de posséder.
Pour ce faire nous avons dû travailler en coordination avec des spécialistes de l’environnement et notamment des services numériques pour mettre au point une méthode d’évaluation pertinente.
Nous avons décidé de partager de manière transparente les résultats de ces recherches en publiant un référentiel de type "PCR" (Product Category Rules) dédié au jeu vidéo PC que nous avons soumis à l’ADEME dès le mois d’avril 2023.
Sur cette base, Gamesplanet est la première plateforme de distribution digitale à proposer la détection automatique de matériel afin d’aider les joueurs à i) comprendre plus facilement non seulement si un jeu est compatible avec les spécifications minimales demandées par l’éditeur, ii) mais aussi estimer la consommation électrique qui en découle et iii) calculer l’impact environnemental qu’une machine donnée aura pour un jeu donné de notre catalogue.
Cette fonctionnalité unique est le résultat d’une prise de conscience des équipes de Gamesplanet.com et d’un investissement significatif de plus de trois ans. Nous continuerons de faire progresser ces indicateurs et notamment l’Eco Gaming Score.
Au cours des dernières années, nous avons pris un certain nombre de décisions dictées par la nécessité de nous adapter à la forte évolution du marché de la distribution digitale et constaté que l’adoption d’une organisation bénéfique à la réduction des coûts et à l’amélioration des conditions de travail, était souvent synonyme d’une réduction sensible de notre propre empreinte environnementale.
Entre 2013 et 2021, nous avons ainsi réduit notre émission de gaz à effet de serre sur les scopes 1 et 2 à moins de 4t eq Co2 et limité de manière drastique notre scope 3 amont (moins de 18t eq CO2).
Cette diminution a été possible grâce à plusieurs évolutions essentielles :
La diminution des effectifs et le recours désormais systématique au télétravail : En 2013, la société comptait encore plus de 40 personnes et disposait notamment de 240m2 de locaux à Paris et de 60m2 à Düsseldorf. Aujourd’hui, l’effectif a été divisé par plus de 2 et travaille intégralement en home office, ce qui a permis à Gamesplanet, dont l’activité est uniquement axée sur Internet, de donner beaucoup plus de souplesse à ses salariés et de constamment améliorer son support client : cette organisation a supprimé la quasi-totalité des trajets quotidiens pour aller travailler et permis d’améliorer sensiblement la disponibilité des équipes aux heures de fortes influences sur le site. Cette organisation a également permis à la plupart de nos employés de se choisir un lieu de résidence en adéquation avec ce qu’ils attendent de leur cadre de vie, sans la contrainte des transports quotidiens. Néanmoins, le télétravail n’est pas neutre dans le bilan carbone de l’entreprise : cela introduit un effet rebond modéré due à la surconsommation mécanique d’énergie au domicile pendant la journée de télétravail (chauffage, climatisation, éclairage, Internet, équipements branchés, préparation du repas (électricité, gaz, fuel…). Nous l’avons évalué à 1,4t eq CO2 dans notre scope 1/2 afin de positionner les "émissions énergétiques liées au télétravail" dans le même poste qu’une entreprise traditionnelle fonctionnant avec des bureaux.
La refonte de notre organisation informatique : En 2012, nous avions une importante ferme de serveurs, principalement hébergés à Paris puis redondée, et un équipement informatique pléthorique. En abandonnant certains de nos modèles de distribution (le jeu à la demande par abonnement et les marques blanches pour les tiers), en ayant recyclé l'ensemble de notre ancien matériel (dont une large part à terminé en serveurs de test chez nos amis d'Eugen Systems), en appliquant une politique plus rationnelle d’achat de nos équipements et enfin en sélectionnant notre hébergeur sous l’angle de la sobriété, nous avons drastiquement réduit nos coûts et notre impact environnemental. Gamesplanet a ainsi opté depuis 2015 pour Hetzner qui propose 100% d’électricité verte (hydraulique et éolien) et un PUE (Power Use Effectiveness) parmi les plus efficace de l’industrie (de 1, 17 à 1.25 en 2018).
La diminution de nos voyages en avion : En 2019, plusieurs membres de notre équipe étaient présents physiquement à la plupart des grands rendez-vous annuels de l’industrie : GDC, E3, Gamescom, Paris Games Week… En 2021 l’impact de nos voyages a été réduit à moins d’une tonne eq CO2. Il est à noter que ce résultat est principalement dû à un changement de comportements de toute l’industrie depuis le COVID19.
En parallèle, début 2023, nous avons enclenché une revue complète de notre plateforme afin de nous conformer à un certain nombre de bonnes pratiques d’éco conception :
Ces règles de bon sens sont censées s’appliquer sur plusieurs éléments de notre organisation :
Le but est également d’anticiper une mise en conformité future avec la loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique (REEN) et d’être compatible demain avec la norme AFNOR en matière de service numérique éco conçus. Nous suivons en effet avec intérêt le pré normatif sur l’impact environnemental des Technologies de l'information et des centres de données, censé évoluer vers la norme ISO/CEI/JTC 1/SC 39
Ce travail n’est pas toujours évident, spécifiquement dans le cadre d’une activité de distribution qui promeut beaucoup d’œuvres non seulement logicielles mais aussi audiovisuelles et donc relativement lourdes. Ainsi, un site de distribution de jeux vidéo contient beaucoup d’images censées rendre compte des jeux et donner envie de les télécharger. Nous avons par exemple travaillé à la réduction du poids de ces images, notamment en évitant que les visiteurs n’aient à les charger plusieurs fois et en basculant sur le format WebP qui offre une compression nettement supérieure.
Prétendre contribuer à la réduction des effets de gaz à effet de serre en parallèle des opérations d’évitement et de réduction est un sujet délicat, propice au « green washing ».
Si nous souhaitons évidemment contribuer à « retirer » du carbone de l’atmosphère grâce à l’amélioration des capacités de captation de puits de carbone, nous souhaitons aussi prendre le temps de le faire correctement.
Nous avons donc souhaité concourir au financement d’un projet de captation carbone pertinent (pas simplement de planter des arbres au hasard là où la main d’œuvre sera la moins chère), en choisissant non seulement une forêt locale, proches de nos lieux de vie, mais en nous concentrant sur des travaux diversifiés permettant d’améliorer l’existant et de décupler le potentiel de captation des gaz à effet de serre.
La société maforet.com, qui développe des projets forestiers dans toute la France avec une double exigence d’impact sur les enjeux climat et biodiversité, nous a présenté un projet situé dans le Parc Naturel Régional du Périgord-Limousin. Il s’agit de réhabiliter un taillis de châtaigniers dépérissants, essence emblématique du Périgord aujourd’hui menacée par le changement climatique, le manque d’entretien et les maladies.
Ce projet fait partie d'une expérimentation menée par le Parc Naturel Régional du Périgord-Limousin en collaboration avec le Centre National de la Propriété Forestière, pour tester différentes techniques sylvicoles de reconquête de ces taillis de châtaigniers dépérissants, représentatifs de la région. L'objectif étant le maintien de toutes les fonctionnalités de ces forêts typiques, la qualité des itinéraires est évaluée selon des critères tant sylvicoles que écologiques.
En plus de séquestrer un volume carbone de 358 tCO2 sur les 30 prochaines années, le projet permettra d’adapter le peuplement en place aux effets du changement climatique. Le couvert forestier sera maintenu autant que possible afin d'allier production raisonnée de bois, préservation de la biodiversité, ainsi que respect du paysage et du patrimoine naturel local.
Un point intéressant à souligner ici est que ce projet n’est pas éligible au Label bas-carbone. Ce label constitue le cadre de certification climatique volontaire de l’Etat français qui valorise les projets visant à réduire les émissions et séquestrer du carbone.
On peut pertinemment s’interroger sur le choix de soutenir un projet qui n’est pas certifié par ce label.
Au cours de notre réflexion sur le sujet, nous avons appris les avantages mais aussi les limites de ce label. Notamment, Un rapport récent de l’association Canopée a montré que le faible nombre de méthodes validées par le Label Bas Carbone conduit à concentrer 99% des projets sur des plantations, au détriment de l’amélioration des forêts existantes.
A partir du moment où 20% d’arbres d’une forêt sont morts, le peuplement est considéré comme « dépérissant ». Il peut alors être rasé et replanté.
Le problème que cela pose est triple :
Des stocks de carbone sont détruits, parfois à hauteur de 80% d’arbres vivants, sans même que cela ne soit comptabilisé dans la méthode reboisement du Label Bas Carbone.
L’écosystème transformé en plantation est simplifié à l’extrême : Les plantations sont globalement concentrées sur des arbres à croissance rapide, c’est-à-dire des résineux.
L’avenir de ces plantations est aléatoire. Avec le réchauffement, les taux de mortalité des jeunes plantations augmentent, de sorte que beaucoup de projets n’aboutissent pas et ne servent à rien.
En conclusion, tous les projets certifiés par le Label bas-carbone ne se valent pas et certains projets forestiers ne sont pas éligibles à ce label (notamment parce qu’ils ne rentrent pas dans les méthodes de certification actuelles), alors qu’ils ont un impact favorable en faveur du climat et de la biodiversité. C’est le cas du projet que nous avons décidé de soutenir.
En parralèle, nous avons rejoins la grande coalition des entreprises pour le climat organisée par Team For the Planet, une société à mission qui rassemble de l’argent pour détecter et déployer 100 innovations mondiales contre les gaz à effet de serre. Elle se présente comme étant sans but lucratif pour ses actionnaires, qui ne pourront se partager les éventuels bénéfices générés avant le retour des températures à celle de l'ère préindustrielle. Elle a été créée en avril 2019 et a déjà financé et déployé plusieurs projets innovants dans le domaine de la lutte contre le changement climatique. Vous pouvez par ailleurs rejoindre le mouvement en cliquant ici!
Nous avons travaillé plus de 3 ans pour être en mesure de vous présenter l’ensemble de ces travaux, qui constituent un investissement conséquent pour une petite structure comme la nôtre. Mais notre action n’a pas vocation à s’arrêter à ces premières étapes.
Si vous avez pris le temps de lire en détails les documents que nous partageons ici, vous avez compris que la priorité à nos yeux étant de contribuer à réduire la partie réellement significative de notre impact, notre scope 3 aval, ce qui consiste donc à interagir avec nos partenaires, éditeurs et constructeurs.
Cela inclus évidemment aussi nos clients auxquels nous devons une information transparente et pertinente leur offrant véritablement la capacité de choisir et de peser. Ce sont eux qui feront évoluer l’empreinte environnementale du marché du jeu tout entier.
Nous souhaitons également encore améliorer la qualité des mesures que nous effectuons et cela ne pourra se faire à terme qu’avec le concours volontaire des fabricants de hardwares et des développeurs. Si vous souhaitez nous y aider, vous pouvez nous contacter à l'adresse [email protected]
Nous souhaitons ensuite mieux aiguiller vers les solutions les moins énergivores et proposer des alternatives pertinentes à chaque fois que cela sera possible dans le futur. Si vous êtes fabricants, développeurs, pourvoyeurs de solutions, vous pouvez nous contacter à l'adresse [email protected]
Nous posons ici une première pierre, et espérons contribuer à bâtir un jeu vidéo plus respectueux de l’environnement avec l’ensemble de nos partenaires. Nous sommes conscients du chemin qui reste à parcourir, alors autant l'emprunter tous ensemble dès maintenant...