Comment un jeu vidéo peut-il impacter la planète ?
Tout d’abord, quand on parle d’impact environnemental du jeu vidéo, on parle souvent de plusieurs choses différentes :
- Un jeu vidéo émet des gaz à effet de serre (exprimés kg ou tonne équivalent carbone). Ces émissions proviennent des activités liées à la fabrication des machines utilisées pour produire, stocker, distribuer et faire fonctionner le jeu vidéo en question. Ces émissions sont responsables du réchauffement climatique. On estime que l’industrie liée au numérique (ce qui dépasse largement le seul jeu vidéo) représente déjà 4% des émissions mondiales, et représentera près du double en 2030.
- Un jeu vidéo consomme des ressources abiotiques : il faut en effet beaucoup de ressources naturelles pour fabriquer un ordinateur, un serveur, un data center, un téléphone, un réseau informatique… Non seulement des métaux rares, mais aussi des éléments plus triviaux comme de la terre ou de l’eau. Il faut encore ces mêmes ressources pour les faire fonctionner : des énergies fossiles évidemment mais aussi et encore, des ressources, notamment pour produire des énergies alternatives (par exemple, le nucléaire, qui génère peu de gaz à effet de serre, est l’énergie qui consomme le plus d’eau !). L’extraction de ces ressources à des effets notables sur la biodiversité, sans parler des conséquences sociales qu’elle provoque également.
- Un jeu vidéo pollue : au-delà de la pollution liée aux émissions générées par l’industrie du numérique, le matériel informatique génère énormément de déchets électroniques, incluant du plastique et des composants chimiques, liés à l’obsolescence rapide du matériel informatique, à la surenchère de périphériques et à l’insuffisance du réemploi et du recyclage.
Ensuite, il faut comprendre qu'un jeu vidéo repose sur toute une architecture complexe : un programme codé, hébergé par des serveurs, transitant sur des réseaux pour être reçus où fonctionner sur des terminaux. C’est donc l’ensemble de cette infrastructure qui a un impact et non pas le simple code qui fait le jeu.
Agir sur cet impact environnemental suppose donc d’agir sur chacun des éléments de l’architecture concernée.
Par exemple :
- On peut faire en sorte que le jeu n’oblige pas à renouveler le matériel qui est censé le faire tourner, ce qui aura directement des conséquences sur les ressources consommées,
- On peut diminuer la taille du jeu, ce qui aura directement des conséquences sur celle des disques durs ou des serveurs qui l’hébergeront et ce qui impactera aussi la bande passante nécessaire à sa distribution,
- On peut optimiser le code du jeu et faire des choix de programmation pour limiter la consommation d’énergie de la machine qui l’exécute. C’est clairement ce que propose Microsoft avec son outils de développement durable XBox offrant de mesurer l'utilisation du GPU avec granularité et d'identifier aisément les inefficacités énergétiques, ou encore Epic Games avec son livre blanc sur la réduction de consommation du jeu Fortnite qui explique comment utiliser la résolution dynamique pour diminuer la consommation d'énergie tout en améliorant les performances, avec des différences imperceptibles sur le rendu du jeu.
Pour comprendre et agir de manière pertinente sur ces différents leviers, on doit également prendre en compte d’autres critères complexes, comme le temps de jeu, le nombre de gens qui le télécharge et l’installe, la durée d’amortissement de la machine qui l’exécute (en 30 ans, la durée de vie moyenne d’un PC est passé de 10 à 3 ans), le type de réseau sur lequel il transite, le type de terminal concerné (il peut y avoir un rapport de 1 à 10 entre la consommation d’une Switch et d’une Xbox One ou d’une PS4 Pro), le mix énergétique du pays dans lequel on joue, etc...
C’est pourquoi, confronté nous même à la complexité du problème, nous avons réfléchi à la mise en place d’une méthode de mesure et d’indicateurs permettant de mieux comprendre les impacts des jeux et du matériel que nous choisissons pour nous divertir.
Pour ce faire, nous avons travaillé longuement avec des experts et déposé le résultat de nos travaux auprès de l’ADEME sous la forme d’une méthode ouverte et transparente de mesure d’impact dédié au jeu vidéo, via ce qu’on appelle un Product Code Rule (PCR) et mis au point sur cette base, ce que nous avons appelé l’Eco Gaming Score, destiné à permettre à nos client, une meilleure compréhension des impacts.