COP28 : "Transitioning away", la sortie des énergies fossiles n’est pas pour aujourd’hui !
La 28ème conférence des parties sur le changement climatique, qui se tenait à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre devait acter une sortie de toutes les énergies fossiles, c'est-à-dire l’arrêt du charbon, du pétrole et du gaz, responsables d'une grande partie des émissions de gaz à effet de serre.
La COP28 devait en effet avoir pour objectif de fixer des modalités pour une "sortie ordonnée et juste des énergies fossiles", qui tiendrait compte des besoins et des capacités de chaque pays, ainsi que des impacts sociaux et économiques de la transition énergétique qui en découle.
Elle devait ainsi s'inspirer de l'accord de Glasgow, signé lors de la COP26 en 2021, qui appelait à "accélérer l'élimination progressive du charbon et des subventions aux combustibles fossiles" et à "viser à atteindre l'équilibre entre les émissions et les absorptions de gaz à effet de serre d'ici le milieu du siècle".
Mettant en avant son parc nucléaire, la France a cherché à figurer parmi les pays les plus proactifs sur cette question sensible de la sortie des énergies fossiles tout en continuant au passage d’en soutenir l’extraction, notamment à la Teste-de-Buche près d’Arcachon, où le groupe canadien Vermillon prévoit de forer 8 nouveaux puits de pétrole. Je dis ça, je ne dis rien…
Cet accord sur la sortie des énergies fossiles, qui devait s’obtenir par « consensus », sans vote donc, s’est fait passablement désirer durant toute la semaine de négociations...
Le débat a opposé une centaine de pays dont ceux de l’union européenne et de nombreux pays insulaires à l’Arabie Saoudite et l’OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole), qui refusaient toute mention d’un objectif commun de « sortie » des énergies fossiles, pourtant responsables de 75% des gaz à effet de serre.
Cette opposition s’est manifestée de manière assez peu diplomatique au travers de la révélation par le journal britannique The Guardian, d’une lettre de l’OPEP invitant ses 23 pays membres ou associés à rejeter proactivement tout accord allant contre les énergies fossiles.
Si certains activistes du climat y ont vu un signe de fébrilité de la part de pays producteurs acculés, d’autres, comme l’ONG 350.org., y ont également vu une véritable « insulte ».
En choisissant finalement le terme de "transitioning away" (s'éloigner des énergies fossiles) et non pas "phase out" (sortie), la nuance, le manque de volontarisme de la formule comme l’absence de mesure coercitive, n’augurent rien de bon pour la planète.
D'autant que le texte inclus également des "distractions dangereuses" comme le recours à la capture et au stockage du carbone.
TotalEnergies par exemple, dans son dernier plan climat validé au cours d'une assemblée générale chahutée, prévoit d’augmenter d’un tiers sa production de gaz d’ici à 2030 et sa production d’hydrocarbures de 2 à 3% par an d’ici à 2028.
Le fleuron français cristallise par ailleurs les critiques autour de ses nouveaux projets, notamment celui de l’Ouganda qui consiste à construire le plus long oléoduc chauffé du monde et à forer 400 nouveaux puits de pétrole.
Pas sûr donc que les déclarations en toc affichées lors de cette COP ne changent grand-chose à ce genre de bombes climatiques.
On va continuer comme avant, à faire un maximum de cash avec les énergies fossiles, sauf que désormais, on va nous expliquer que tout cet argent permettra d’investir dans les énergies renouvelables ou dans le captage de carbone. Vous voyez le cynisme ?
Pour ne pas déprimer face à cet énième renoncement, et puisqu’il s’agit de nous prendre pour des barils, jouons à Turmoil, un jeu de gestion qui vous met dans la peau d'un entrepreneur de l’or noir au 19ème siècle.
Vous devez forer, vendre et gérer votre exploitation pour faire une tonne de cash, tout en faisant face à la concurrence et aux aléas du marché.
Au moins vous comprendrez, mieux qu’en suivant les gesticulations de la COP, pourquoi et comment l’or noir fait encore et toujours tourner le monde ! Et pour un bon moment...
On pourrait penser que Turmoil est un jeu qui glorifie l'exploitation pétrolière mais ce n'est pas le cas. Comme son nom, jeu de mot entre "pétrole"(oil) et "tourmente", le jeu adopte un ton humoristique et décalé, qui se moque des personnages et des situations.
Il cache moins qu'à la COP de l'Emirati Sultan Al Jaber, patron de la compagnie pétrolière Adnoc, les effets négatifs de l'industrie pétrolière, et dénonce en creux la pollution, les accidents ou les conflits avec les habitants...
Ce sera déjà ça de pris !