Vous peigniez des boucliers, hé bien forgez des épées maintenant ! Quand Kingdom Come: Deliverance II emprunte au jeu de simulation...
Il y a six ans, Kingdom Come: Deliverance avait marqué les esprits en proposant une reconstitution quasi maniaque de la Bohême médiévale. Plus proche de la fresque historique que du conte héroïque, le jeu mettait en avant le réalisme : un héros illettré, des combats exigeants, des armes qui s’émoussent et un quotidien rythmé par la faim, le sommeil et la foi...
Avec Kingdom Come: Deliverance II, Warhorse Studios a poursuivit dans cette veine, mais semble avoir franchi un cap en brouillant encore davantage la frontière entre RPG et simulation. Car là où beaucoup de jeux se contentent de donner l’illusion d’un artisanat ou d’une économie médiévale, la suite des aventures de Henry de Skalitz s’empare du savoir-faire comme d’un pilier de gameplay à part entière.
Dans le premier opus, on pouvait polir son épée, ajuster ses flèches ou s’entraîner à la chasse. Désormais, le joueur est convié à passer de longues heures à l’atelier : non seulement pour entretenir son équipement, mais aussi pour le créer.
Les séquences de forge ou de tannerie ne sont pas de simples mini-jeux symboliques. Elles empruntent aux codes des simulateurs modernes — précision des gestes, gestion des matériaux, compréhension des procédés — au point qu’on se surprend à apprendre, presque malgré soi, les rudiments de la métallurgie médiévale.
Ainsi, frapper le métal au bon rythme ou doser la température du four ne relève plus du folklore : cela conditionne directement la qualité, la durabilité et la valeur de l’arme produite. De quoi transformer chaque session d’artisanat en véritable défi, à mi-chemin entre reconstitution historique et jeu de survie.
Ce choix d’accentuer la dimension artisanale ne relève pas seulement du gameplay. Il s’inscrit dans la logique narrative de Kingdom Come, où l’ascension du héros ne passe pas par des prophéties ou des dons surnaturels, mais par l’apprentissage patient d’un monde réaliste. Forger son épée, c’est incarner cette progression : on ne se contente plus d’acheter son équipement au marché, on devient l’artisan de sa propre destinée.
Ce réalisme pousse aussi à des dilemmes stratégiques. Faudra-t-il investir son temps dans la production d’armes solides mais longues à fabriquer, ou privilégier la rapidité au risque de manier des outils fragiles ? Dans un contexte de guerre civile, ce genre de choix peut changer le cours d’une campagne.
Cette orientation met Kingdom Come: Deliverance II à la croisée des genres. RPG narratif, mais aussi simulateur de vie médiévale, il s’adresse autant aux amateurs de récits historiques qu’aux joueurs fascinés par les systèmes complexes.
Warhorse Studios semble vouloir montrer que l’immersion ne passe pas uniquement par des dialogues ramifiés ou des panoramas réalistes, mais aussi par le poids des gestes, des routines et du travail manuel.
En ce sens, Kingdom Come: Deliverance II prolonge une tendance plus large du jeu vidéo contemporain : celle qui fait du réalisme laborieux un plaisir ludique.
Après tout, si des millions de joueurs ont passé des centaines d’heures à labourer des champs dans Farming Simulator ou à assembler des pièces dans les jeux d'automatisation, pourquoi ne pas se passionner pour la trempe d’une épée en Bohême du XVe siècle ?
C'est clairement ce qu'explorent les DLC de Kingdom Come Delivrance II, de l'art de concevoir et décorer un bouclier, avec plus de 100 modèles et combinaisons de couleurs via Natures Mortes / Brushes with Death à l'art de gérer une forge et de créer des armes légendaires avec l'héritage de la Forge / Legacy of the Forge qui sera disponible le 9 septembre prochain sur Gamesplanet.