Tout comprendre du Katana, l'arme fétiche de Sekiro
En pleine période Sengoku, l’âge des royaumes en guerre dans le Japon médiéval, Sekiro (littéralement le loup à un bras) est un guerrier dont le membre amputé a été remplacé par une prothèse ninja, pouvant fonctionner comme un grappin, une lame secondaire ou un lance-flammes, qu'il pourra combiner avec la puissance dévastatrice de son sabre.
Sekiro va ainsi se mesurer à un clan ultra-puissant afin de retrouver son honneur, perdue avec son maître.
Le jeu met en avant un gameplay orienté « action aventure à la troisième personne » qui se veut, comme toujours avec le studio FromSoftware, totalement radical : pas de jeu de rôle, pas de multijoueurs, mais un système de combat exigeant au Katana, offrant la possibilité de contrer les attaques de l’adversaire avec le bon timing pour chercher le coup fatal.
Le Katana, le sabre mythique des Samouraïs, occupe un rôle central dans le jeu.
On vous propose donc d’en savoir un peu plus sur cette arme afin de ne pas débarquer dans le jeu en pensant que vous n’allez utiliser rien de plus qu’un super cure-dent !
Le sabre est un symbole culturel extrêmement fort du japon, connu du monde entier.
Les croyances shintoistes japonaises enseignent que les esprits (Kami) peuvent s’abriter dans les pierres, les rivières, les arbres ou certains objets.
La pureté, la beauté d’une lame peuvent ainsi la rendre « Yorishiro », c’est à dire, au regard de la terminologie Shinto, à même d’accueillir les Kami.
La langue japonaise a d’ailleurs un mot (Keiki) pour évoquer le « sentiment » qui émane d’un sabre : Ce mélange de force et de tranquillité que sont susceptibles de faire naître les plus belles lames.
Aussi le sabre que va manier Sekiro n’est pas seulement une arme blanche mortelle, c’est avant tout une œuvre d’art complexe qu’on vous propose de découvrir un peu plus avec cet article rédigé avec amour.
Avant tout, sachez qu'un Katana mesure au minimum 60 cm de long (2 shaku). En dessous de cette limite, on parlera de Wakizashi (sabre court), voir de dague pour fillette de sang noble (Tanto).
Il est composé de deux éléments principaux, la lame proprement dite et sa monture, le Koshirae.
La lame du sabre est constituée d’une réduction d’acier spécifiquement japonais, appelée Tamahagane, obtenue par la fusion de divers éléments, essentiellement du sable noir ferrugineux endémique et du charbon (fer + carbone).
Elle se doit de répondre à trois règles fondamentales, patiemment mises en oeuvre par les forgerons japonais de l’époque Koto (entre 1000 et 1600) : (i) ne pas plier, (ii) ne pas casser, (iii) trancher parfaitement.
Afin de répondre à ces principes de base que ne renierait pas votre boucher de quartier, le cœur de la lame, censé rester souple, constitué d’un acier moins riche en carbone (Shin-gane), est inséré dans une gange d’acier plus dur qui en assure la résistance (Kawa-gane). Cette partie renforcée sera pliée et repliée jusqu’à des dizaines de fois, afin d’obtenir un damas d’une extrême finesse (comme en atteste la présence de motifs visibles à l’œil nu à leur surface, semblables aux veines d'un bois).
La partie destinée à la coupe sera également renforcée en étant plongée brutalement dans un bain d'eau froide alors que la partie "souple" sera protégée par une gange d'argile isolante.
Il en résulte un acier feuilleté qui, une fois poli, va laisser apparaitre d’infimes et de multiples subtilités dans les grains (Hada), à la manière des veines d’un bois ainsi que le "Hamon", la ligne de trempe dont le dessin, souvent réalisé en forme de vague, frappe par son élégance.
A côté, le travail de nos forgerons du moyen âge, correspondait à la réalisation d'un collier de nouilles d'une classe de maternelle (petite section)
Sous vos yeux ébahis, un Katana issue de ma petite collec perso, dont la date est estimée entre 1600 et 1699. La faible courbure de la lame (Sori de 0,2 cm) et la longueur réduite du Kissaki (pointe) sont typiques du début de la période Edo (et donc particulièrement adaptées à une attaque et à une extraction de la lame fulgurante de type Iaido).
Cette lame est ensuite intégrée dans une poignée de bois (Tsuka) recouverte de peau de raie sur laquelle est noué un tressage (Ito), correspondant en elle même à une oeuvre d'art.
Entre la lame et la poignée, une garde en fer, le Tsuba, est insérée.
Je suis d'humeur professorale, je vous fais donc un petit crobar à partir d'un Tsuka de Wakizashi que j'ai démonté ce week-end pour l'occasion :
Détails du Tsuka pour un Uchi-Gatana (nom générique des sabres portés lames vers le haut - destinés à l'infanterie)
- Kashira (pommeau permettant de nouer l’Ito)
- Same : (peau de raie -ou de requin- destinée à rigidifier la poignée et à recevoir le tressage)
- Menuki (ornement latéral)
- Mekugi-ana (trou d’emplacement du Mekugi)
- Fuchi (virole)
- Tsuba (garde)
- Tsuka-ito (cordon de tressage -en soie, en coton ou en cuir-)
- Mekugi (cheville en bambou rendant solidaire la lame au Tsuka et jouant le rôle d’amortisseur)
- Seppa (bagues de raccord servant à limiter le jeu entre les pièces)
Et voilà ce avec quoi Sekiro va faire sa loi !
Contrairement à la vision occidentale de l’escrime, les Japonais privilégient l’esquive et le coup mortel unique, parfait.
Il semble bien que ce soit cette philosophie du combat que FromSoftware ait mis en œuvre dans Sekiro™: Shadows Die Twice (Twice parce que contrairement aux habitudes de FromSoftware, la perte d'un combat n'est pas immédiatement synonyme de retour à la niche mais que vous aurez une seconde chance).
Maintenant que vous en savez (un peu) plus sur le Katana (que, au passage, on n'était pas censé porter dans le dos comme Sekiro sur certaines images du jeu, mais à gauche, lame vers le haut, glissé dans la ceinture, afin d'être immédiatement prêt à l'affrontement) attendez vous à devoir travailler dur pour maîtriser les techniques de combats exigeantes mises au point par les développeurs !
Au programme donc, esquive et chronométrage de vos frappes afin d’obtenir un coup puissant, fatal contre les ennemis les plus faibles, indispensable contre les boss…
Attendez-vous, comme au Kendo, à des attaques brutales, mises au point mentalement avant d’être sèchement déclenchées.
Avec un peu d’effort, vous maîtriserez les techniques de Iai-Jitsu, consistant à dégainer le sabre et à frapper en même temps, soit « l’art de terminer un combat avant qu’il n’ait lieu ».
Pour ce faire, n'oubliez pas de précommandez Sekiro™: Shadows Die Twice sur Gamesplanet, la seule plateforme qui vous parlera de nihonto (sabre japonais) avec ses tripes tout en vous couvrant de bisous reconnaissants.
Source: https://youtu.be/ipBDs0gnPRg